samedi, janvier 15, 2005

La Chute (Olivier Hirschbiegel, 2004)

Titre original : Der Untergang

Comme à peu près tous les films traitant, de manière plus ou moins éloignée, du nazisme, La Chute, avant même sa sortie sur les écrans français, est sujet à une controverse annoncée à grands coups de reportages dans les journaux télévisés. En choisissant de représenter les derniers jours du troisième reich, en suivant Hitler et son entourage proche lors des trois semaines précédant la capitulation allemande, Hirshbiegel s'attaque à un sujet douloureux. Car le sujet ne s'inscrit pas seulement dans le cadre d'un devoir de mémoire face au génocide juif, mais réveille également la conscience collective du peuple allemand, qui dès la fin de la guerre s'est retrouvé confronté à un sentiment généralisé de culpabilité vis-à-vis des atrocités commises lors de la guerre.

Par le choix de son sujet, La Chute est un film extrèmement courageux et intéressant, puisqu'il nous confronte au mal le plus terrible qui ait frappé le XXième siècle. À ceux qui reprochent au film de montrer un Hitler trop humain, je rétorquerai qu'au contraire, c'est la force du film de nous rappeler qu'Hitler n'était pas le diable incarné, mais au contraire un homme malsain et dérangé, possédant également des facettes plus tendres et humaines, qui expliquent partiellement sa montée au pouvoir. À ce sujet, il faut saluer la performance de Bruno Ganz, qui incarne le dictateur d'une manière si troublante, que l'acteur doit aujourd'hui encore en avoir du mal à se regarder dans le miroir.

À côté de ces qualités, le film possède malheureusement de nombreux défauts. Le principal, et non le moindre, est l'absence de positionnement par rapport à ce qu'il aborde. Ainsi, le film ne se veut pas seulement un huis-clos au coeur du bunker (ce qui aurait donné alors un film réellement sans concessions et sûrement plus tendu) mais s'autorise des sorties dans les rues de Berlin, ville dévastée, où les dernières forces armées semblent plus occupées à tuer les vieillards qui ne prennent pas les armes, qu'à lutter contre l'ennemi russe. À l'arrivée, le film dresse un constat accablant, accusant les officiers mais aussi le peuple de ne pas s'être réveillé à temps et d'avoir continuer à suivre et à s'accrocher à l'idéologie nazie, alors que tout était déjà perdu. Procès un peu facile et exagéré, puisqu'il est évident que des gens (absents du film d'Hirshbiegel) étaient en désaccord avec le régime et ont su profité de la libération imminente pour s'en affranchir. Il est dommage que ce point de vue là, soit volontairement absent du film, rendant ce dernier maladroit.

Reste une succession de scènes "chocs", un peu répétitives, qui nous montrent le fanatisme jusqu'au boutiste d'une poignée de fidèles, seul le personnage du médecin possédant le bon sens d'essayer d'arrêter leur nihilisme. A l'arrivée, si La Chute a provoqué de nombreuses réactions vu le sujet représenté, on ne sera guère marqué par ses qualités purement cinématographiques, le scénario souffrant de nombreux problèmes de structure et de rythme, et la mise en scène plate et convenue, tout juste digne d'un téléfilm.

dimanche, janvier 09, 2005

Alexandre (Oliver Stone, 2004)

Titre original : Alexander

A la vue des premières bandes-annonces, il y avait de quoi être inquiet. Tout d'abord, Colin Farrell, cheveux peroxydés, semble manquer du charisme nécessaire pour interpréter un personnage aussi impressionant (surtout après s'être extasié, trois semaines auparavant, devant la performance de Viggo Mortensen dans Le Retour du Roi, dont la version longue qui vient de sortir en DVD enrichit encore un peu plus un film déja magnifique). Ensuite, l'hilarité générale déclenchée dans les salles par la vision d'Angelina Jolie, rampant et déclamant avec un irrésistible accent russe "Therrrrre will be no otherrrrr Alexanderrrrr like you, Alexanderrrrr the Grrrrreat", laissait même craindre un film extrèmement râté. Mais, le fait de savoir qu'Oliver Stone, habitué aux films hors-normes et controversés (Né un 4 Juillet, JFK, Tueurs-Nés), développait ce projet depuis une quinzaine d'années rassurait et laissait même l'espoir d'assister à un film majeur.

A l'arrivée, Alexandre est extrèmement bancal. Tout d'abord, il faut savoir qu'il ne s'agit pas d'une grande fresque épique, l'intimisme étant privilégié par rapport au spectaculaire, à l'exception bien sûr des deux morceaux de bravoure que constituent la bataille de Gaugamela et la bataille des Eléphants. Mais plutôt que de s'attarder sur les conquêtes en elle-même, Oliver Stone s'attache à essayer de retranscrire la personnalité et l'environnement proche du conquérant. Ainsi, le premier tiers du film s'articule principalement sur l'enfance du héros et plus principalement sur ses relations avec ses parents. On l'y voit également recevoir l'enseignement d'Aristote, qui apparaît alors comme la source de son idéal d'un empire uni et civilisé, en perpétuel développement culturel. Alexandre est représenté comme un homme en avance pour son époque, attiré par les cultures différentes, croyant en l'égalité des peuples et en la possibilité de tirer des enseignements les uns des autres, mais incompris en cela par ses généraux uniquement attirés par l'or et le pouvoir. Mais le portrait brossé ne se veut pas seulement idéal, puisqu'Alexandre apparaît aussi, lors des préparatifs du combat, comme un mégalomane inconscient, arrogant et qui risque inutilement sa perte et celle de son empire. En cela, Oliver Stone illustre l'idée selon laquelle le génie n'est jamais très loin de la folie.

Afin de pouvoir se concentrer sur la personnalité d'Alexandre, Oliver Stone choisit d'éluder une grande partie des conquêtes, qui nous sont uniquement brièvement rapportées par Ptolémée, narrateur du récit. Ce parti-pris lui permet de se concentrer sur les "coulisses" du pouvoir et sur les rapports qu'Alexandre entretint avec ses proches, de sa mère Olympias (Angelina Jolie) à Héphaistion (Jared Leto), en passant par ses divers généraux et son épouse (Rosario Dawson). Bien que la principale qualité d'Alexandre soit sa fidèle reconstitution historique, Oliver Stone ne manque pas d'exploiter les zones floues pour livrer une interprétation psychologique à l'ambition d'Alexandre. Selon le réalisateur, Alexandre aurait effectué ses diverses conquêtes pour fuir sa mère (à l'origine de l'assassinat de son père) et mériter un titre de roi qu'il aurait le sentiment d'usurper s'il n'avait accompli et surpassé les rêves de conquête Philippe de Macédoine. Le film se veut également audacieux en ne faisant pas l'impasse sur l'homosexualité d'Alexandre, que ce soit avec ses servants ou avec Héphaistion, l'amour de sa vie. Mais on soulignera quand même que ses rapports hétérosexuels avec Roxane sont largement plus représentés à l'écran lors de la nuit de noces, que ses relations homosexuelles avec Héphaistion ou Bagoas, qui sont juste amorcées. Les producteurs avaient-ils peur de faire fuir une partie du public ? ou d'offenser le comité de censure ?

Ce parti-pris de se concentrer sur les coulisses du pouvoir se retrouve finalement être un frein à la réussite du film. En effet, après son enfance, nous arrivons directement à l'apogée d'Alexandre, la bataille de Gaugamela et la conquête de Babylone. Mais à partir de là, les rapports entre Alexandre et son état-major vont continuellement se dégrader. Le film consiste alors en une succession de scènes, un tantinet répétitives, où le fossé d'incompréhension entre les ambitions d'Alexandre, de plus en plus mégalomaniaque et paranoïaque, et les souhaits de ses généraux, ne fait que s'aggrandir de plus en plus. C'est ici que l'interprétation de Colin Farrell devient le plus décevante, puisqu'à la sortie du film, Alexandre apparaît principalement comme un homme égoïste, arrogant, voire pleurnichard, inconscient de la réalité qui l'entoure. Et c'est bien là l'échec d'Oliver Stone, de ne pas arriver à retranscrire la dualité de son héros, mais au contraire à grossir et à appuyer ses défauts. Si à cela, on rajoute quelques fautes de goûts, tels l'utilisation d'un filtre rosâtre, lors de la fin de la bataille des Eléphants, cela explique que le film s'effondre dans sa deuxième moitié, après un début pourtant enthousiasmant.

En conclusion, Alexandre se révèle être un grand film malade, un projet pharaonique pas totalement maîtrisé, dont les qualités forment également les faiblesses.

samedi, janvier 08, 2005

La Planète des Singes (Tim Burton, 2001)

Titre Original : Planet of the Apes

À l'origine, un roman de science-fiction français de Pierre Boule, sacralisé par l'adaptation cinématographique de 1968 réalisée par Franklin J. Schaffner, avec dans le rôle principal Charlton Heston. Le film est un chef d'oeuvre, qui trône au panthéon des films de science-fiction, grâce à ses maquillages extrèmement réussis et à sa construction narrative aboutissant à une innattendue révélation finale. Très rapidement, La Planète des Singes rentre dans la culture populaire. Son iconographie se retrouvera aussi bien dans les manifestations américaines contre la guerre du vietnam que, vingt ans plus tard, dans un épisode des Simpson. La 20th Century Fox ne loupera d'ailleurs pas le coche, produisant au cours des années 70 quatre suites cinématographiques et une série télévisée, afin d'exploiter le filon au maximum.

Le film de 1968 étant un réel monument cinématographique, à la fois immense succès critique et public, on peut se demander quel 'executive' de la Fox a eu la malheureuse idée de vouloir en réaliser un remake. Toujours est-il que l'idée est lancée au cours des années 90, et que différents noms vont alors être rattachés au projet. À un moment, on parle de James Cameron, avec Arnold Schwarzenneger dans le rôle principal. Le projet peut alors paraître excitant, un des thèmes du roman original étant la dénonciation des dangers du progrès technologique, thématique chère au cinéaste d'Abyss et de Terminator. Malheureusement, suite au succès de Titanic, Cameron prend des vacances bien méritées. C'est à ce moment-là que Tim Burton est amené sur le projet, suite à la mise en stand-by par la Warner de son projet Superman Reborn.

Histoire de replacer la sortie du film dans son contexte, rappelons que Tim Burton est pour beaucoup de cinéphiles de ma génération un réalisateur hors-pair, l'auteur de films à la fois fantastiques et poétiques (Edward aux Mains d'Argent, Ed Wood, Sleepy Hollow), réussissant à intégrer son univers même dans des blockbusters comme les deux premiers Batman. Lors de la sortie française du film, le 22 août 2001, j'effectue mon premier séjour à Paris, dans le but de trouver un appartement où loger et pouvoir venir suivre des études de cinéma. Lorsqu'Olivier, mon meilleur ami, monté à Paris un an avant moi, m'emmêne à l'UGC Ciné-Cité Bercy, en m'annonçant qu'un multiplexe aussi immense que celui-ci projette les films en version originale sous-titrée, c'est tout d'abord un choc pour le provincial que je suis : à Nice, j'avais le choix entre subir une version française dans une salle immense au Pathé Masséna, ou bien apprécier une version originale sous-titrée, dans une salle bien plus modeste, à l'UGC Rialto. C'est donc ultra-enthousiasmé que je rentre dans la salle pour apprécier le nouveau chef-d'oeuvre de Tim Burton.

Deux heures plus tard, sortie de la salle et déception majeure. Si l'ensemble du film forme un divertissement réussi, les dernières minutes du film plombent le film de manière incroyable, notamment un final absurde et incompréhensible, dont le principal mérite aura été de soulever moult interprétations sujettes à débat sur internet. Tout d'abord, le film souffre énormément de sa comparaison avec son prédecesseur, autrement plus riche et rythmé. Ensuite, pour les fans de Burton, La Planète des Singes est son plus mauvais film, son univers aussi bien visuel que thématique étant totalement enfoui sous les passages obligés de n'importe quel blockbuster hollywoodien. Seuls marqueront réellement, d'une part, les effets spéciaux de Rick Baker, qui a réussi à recréer des singes étonnants de réalisme au désign pourtant sensiblement éloigné de ceux de 1968, et d'autre part, l'étonnante partition de Danny Elfman, qui commençait alors à s'essoufler et à livrer des bandes originales de plus en plus formatées et calquées sur ses précédents travaux.

En revisionnant le film aujourd'hui, la déception ayant été digérée, on peut alors s'attarder sur ses qualités. Tout d'abord, la relation développé entre Léo (Mark Wahlberg) et Ari, la guenon pro-humains interprétée par Helena Bonham-Carter (future Mme Burton à la ville), qui n'est pas sans rappeler les amours impossibles des précédentes histoires de Burton. On peut également remercier Burton d'avoir livré un film où l'on se concentre sur les personnages et non sur l'action, et également d'avoir éludé au possible la présence d'Estella Warren, la réduisant à une simple potiche (imposée par la production), principal obstacle au développement de la relation entre Ari et Léo. La Planète Des Singes apparaît aujourd'hui non pas comme un mauvais film, mais comme une commande où les contraintes imposées, que Burton espéraient créatrices, se sont finalement révélées castratrices.

vendredi, janvier 07, 2005

Les Désastreuses Aventures Des Orphelins Baudelaire (Brad Silberling, 2004)

Suite au succès interplanétaire de Harry Potter, aussi bien en livres qu'en films, il était logique que les studios cherchent à tirer profit en exploitant un univers similaire. DreamWorks sont ainsi les premiers à chercher à surfer sur la vague. Pour cela, ils ont obtenu les droits de l'autre série qui a redonné le goût de la lecture à nos chers bambins : Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire.

Mais là, où la Warner joue la carte de la saga en adaptant chaque livre en film (des rumeurs faisant même état d'un probable découpage en deux films pour le cinquième volet), Dreamworks semble plus timoré et choisit donc de synthétiser les trois premiers volumes de la série dans un seul et même film. Il se peut également que le matériau original (que je n'ai pas lu) soit moins riche que le saga de J.K. Rowling, et par conséquent, apte à séduire le jeune public mais pas à enthousiasmer les tranches plus âgées. C'est du moins le sentiment qui se dégage à la vision du film, avec ses personnages extrèmement manichéens, notamment les adultes incapables de croire les trois orphelins qui dénoncent la conspiration de l'Oncle Olaf (Jim Carrey, qui retrouve un rôle exubérant, après avoir délivré une prestation sobre et excellente dans Eternal Sunshine Of The Spotless Mind).

A la réalisation, Brad Silberling, abonné aux films familiaux (Casper), livre un film honnête, au visuel plutôt réussi sous haute influence de La Famille Addams et de Tim Burton, et suffisament rythmé pour que l'on ne s'ennuie pas. On retiendra notamment l'intelligente introduction (invitant les personnes trop émotives à aller voir un autre film) et les interventions orales du narrateur à des moments pas forcèment attendus. Toutefois, ce n'est pas suffisant pour emporter le morceau mais permettra aux plus jeunes de patienter en attendant la fin de l'année et Harry Potter et la Coupe de Feu.

dimanche, janvier 02, 2005

Gladiator (Ridley Scott, 2000)

Hier soir, histoire d'étrenner le kit 5.1 qu'Aurélia et mes amis m'ont offert pour mon anniversaire, revisionnage du péplum de Ridley Scott, un film au mixage idéal pour tester ma nouvelle installation (et accessoirement empêcher mes voisins de s'endormir tranquillement).

C'est la troisième ou quatrième fois que je le vois, et je l'apprécie toujours autant. Le film réussit l'exploit de relancer un genre tombé en désuétude à la fin des années 60. Reprenant les mêmes éléments historiques qui avait inspiré La Chute de l'Empire Romain d'Anthony Mann, mais s'axant sur le personnage fictif du général Maximus (impeccable Russell Crowe dans le rôle qui l'a révélé au grand public), Ridley Scott livre une fresque épique réunissant les qualités scénaristiques des péplums des années 60 avec une mise en scène hollywoodienne moderne (un peu trop clipesque par moment d'ailleurs). Pas étonnant donc que le grand public se soit déplacé en masse, d'autant plus que les acteurs sont impeccables du très bon Joaquin Phoenix dans le rôle plutôt difficile de l'empereur Commodus, à Connie Nielsen, en passant par Richard Harris, en Marc-Aurèle plein de prestance et de sagesse. Notons également la présence d'Oliver Reed dans le rôle du marchand de gladiateurs Proximo, dont ce sera le dernier film, puisqu'il est décédé au cours du tournage.

Gladiator
a relancé de manière fulgurante la carrière de Ridley Scott, alors en perte de vitesse (Lame de Fond, G.I. Jane). Il enchaînera avec Hannibal (que j'ai personellement trouvé très mauvais) puis avec deux films beaucoup plus intéressants: La Chute du Faucon Noir et Les Associés. En attendant son nouveau film sur les croisades, Kingdom Of Heaven, avec dans le rôle principal un Orlando Bloom barbu, qui risque fort de faire chavirer le coeur de nombreuses midinettes.

samedi, janvier 01, 2005

Inauguration du blog cinéphile

Pour inaugurer ce blog cinéphile, et afin de permettre à ceux qui ne connaissent pas vraiment mes goûts, voici mon best-of cinéma de l'année 2004 :

1. Eternal Sunshine Of The Spotless Mind (Michel Gondry)
2. Kill Bill : Volume 2 (Quentin Tarantino)
3. Collateral (Michael Mann)
4. Lost In Translation (Sofia Coppola)
5. Les Indestructibles (The Incredibles) (Brad Bird)
6. Le Terminal (The Terminal) (Steven Spielberg)
7. Le Village (The Village) (M. Night Shyamalan)
8. Le Dernier Samouraï (The Last Samuraï) (Edward Zwick)
9. Memories Of Murder (Salinui Chueok) (Joon-ho Bong)
10. Harry Potter Et Le Prisonnier D'Azkaban (Harry Potter And The Prisoner Of Azkaban) (Alfonso Cuarón)

Un top 10 à forte prédominance américaine, comme chaque année. Toutefois, je tiens à noter tout le bien que j'ai pensé d'autres films tels Le Convoyeur de Nicolas Boukhrief, Super Size Me de Morgan Spurlock, Ghost In The Shell 2 : Innocence de Mamoru Oshii et Just A Kiss de Ken Loach.

Voilà, rendez-vous dans les jours à venir pour mes impressions sur tous les films que je vois, vieux ou récents, au cinéma ou en DVD.

Bonne année à tous, meilleurs voeux et que l'année 2005 voit vos projets se réaliser...