mercredi, février 14, 2007

Lynch vs. Stallone



Janvier 1997 : La sortie de Lost Highway, quelques mois après ma découverte des précédents opus de David Lynch, scelle ma passion pour ce cinéaste hors-pair, démiurge unique au monde qui utilise le médium cinéma de manière inimitable. Alors que je sâoule toute ma classe de terminale avec, que je passe de nombreuses heures de cours d'allemand a me remémorer chaque scène du film afin d'en affiner mon interprétation personnelle, Lost Highway devient MON film culte, renforcant ainsi ma passion pour le cinéma en général et déterminant ma volonté de travailler dans ce milieu.

Février 2007 : 10 ans plus tard, Une Histoire Vraie et Mulholland Drive n'ont en rien entamé ma ferveur lynchienne (oui, la cinéphilie est affaire de religion), mais j'avoue que c'est avec appréhension, suite à une bande-annonce qui m'a laissé perplexe et des premiers échos très divergents, que je rentre au Max Linder Panorama pour voir INLAND EMPIRE. Dans la file d'attente, un écran LCD diffuse en boucle le trailer du film. Le rendu de l'image du film (tourné en DVCam) semble faire plus honneur aux intentions de Lynch que la version kinescopée vue en salles précedemment.

Trois (éprouvantes) heures plus tard, je sors de la salle déçu, et vindicatif contre le film. Oui, l'utilisation de la DV est formidable, oui, le travail sonore est exceptionnel (encore supérieur aux précédents films de Lynch, ce qui n'est pas peu dire). Mais, non, je ne suis pas rentré dans le film. La raison n'en est pas la "complexité" (apparente seulement) puisque les clés d'interprétation sont très proches de celles d'Eraserhead, Lost Highway ou Mulholland Drive (pour plus de détails, lisez le livre de Michel Chion sur David Lynch ou encore l'analyse de Stéphane Delorme d'INLAND EMPIRE sur www.cahiersducinema.com).

Mon problème avec ce film est sa tonalité sombre et oppressante. Non pas que le film soit malsain ou déviant, mais c'est une de ces oeuvres qui vous met incroyablement mal à l'aise. Si Lost Highway et Mulholland Drive étaient déjà des cauchemars couchés sur pellicule, INLAND EMPIRE en est l'aboutissement, puisqu'une fois passé les 45 premières minutes, Lynch nous entraîne dans une spirale de démence et de perte de repères ininterrompue, ne laissant retomber la pression que lors des dernières minutes. De plus, on ne peut avoir l'impression que le film souffre de sa durée, du fait de certaines longueurs et de scories. J'avoue donc ne pas être pressé de me replonger dans l'univers d'INLAND EMPIRE, même si je dois reconnaître que certaines séquences sont vraiment magistrales au point de vous hanter encore bien longtemps après la sortie de la salle.

Au final, mon principal problème est que je suis maintenant obligé de me remettre en question d'un point de vue personnel; comment expliquer au lycéen que j'étais en 97, que dix ans plus tard, il chanterait les louanges de Rocky Balboa tout en émettant de sérieuses réserves sur le nouveau Lynch ?