lundi, août 29, 2005

L'Auberge du Dragon (Raymond Lee, 1992)

Séance rattrapage en DVD ce soir avec L'Auberge du Dragon, de Raymond Lee. Production Film Workshop (Tsui Hark) de 1992, il s'agit d'un remake du classique de King Hu.

Dans la Chine médiévale, un eunuque supprime le ministre des armées afin de s'approprier son poste. Mais un garde impérial fidèle et son amante va, en se portant au secours des enfants du ministre, devenir une menace pour l'eunuque, qui se lance à leur poursuite. Dans leur tentative d'atteindre la frontière, les fugitifs vont être contraints de se cacher dans l'Auberge du Dragon, perdue au milieu du désert et gêrée par une étrange tenancière (Maggie Cheung).

Réalisé par Raymond Lee et avec Ching Siu-Tung (la trilogie Histoires de Fantômes Chinois, Hero) à la chorégraphie des combats, ce film est emblématique de la période de gloire de Tsui Hark. De la fin des années 80 au milieu des années 90, le monsieur a regné en maître sur le cinéma hong-kongais, produisant d'un côté les néo-polars de John Woo, et renouant de l'autre avec la tradition du film de sabre (wu-xia pan) et du film de kung-fu qui avaient fait les beaux jours de la Shaw Brothers.


Ici, Tsui Hark confie la réalisation à deux de ses protégés, mais on sent son emprise sur le film, très proche de ses propres réalisations de l'époque. Et c'est d'ailleurs suite à ce film, qu'il retrouvera Maggie Cheung un an plus tard pour le tournage de l'un des ses chefs d'oeuvre : Green Snake.

L'essentiel du film se joue dans l'auberge qui donne son titre au film. On pourrait s'attendre à ce que démarre une séquence d'action dès lors que les troupes de l'eunuque ont rejoint les fugitifs. Au contraire, tout ce petit monde entame alors un absurde jeu du chat et de la souris dans ce lieu que l'on peut voir comme une représentation miniature d'un espace politique, où chacun doit ruser pour aboutir à ses fins, tout en essayant de dissimuler sa réelle identité. Et l'on peut facilement considérer que les nombreux passages secrets, chausse-trappes et autres pièges ne sont qu'une représentation matérielle de ce que Tsui Hark imagine être le monde politique.


Mais bien avant cette lecture interprétative, L'Auberge du Dragon est un divertissement prenant, film d'aventures mêlant lyrisme, sensualité (la scène du "mariage") et histoire d'amour tragique, culminant dans un combat final étonnant qui sacrifie la rigueur spatiale de ceux chorégraphiés par Yuen Woo Ping, au profit d'un formalisme incroyable et d'idées de mise en scène et de montage extrèmement dynamiques et efficaces.

Porté par une Maggie Cheung charmeuse et charmante, voir L'Auberge du Dragon aujourd'hui, c'est être confronté à une double nostalgie : d'une part, celle de la période mythique du cinéma de la Shaw Brothers, et de l'autre, celle de l'âge d'or de Tsui Hark, qui nous inondaient alors de films géniaux, dans un flux que l'on croyait intarissable, mais qui fut réduit drastiquement suite à ses deux échecs hollywoodiens (Double Team, Piège à Hong Kong).

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