lundi, septembre 03, 2007

2 Days in Paris (Julie Delpy, 2007)

Marion (Julie Delpy), photographe d'origine française et Jack (Adam Goldberg), architecte d'intérieur new-yorkais, vivent ensemble depuis deux ans. Leur séjour de deux jours à Paris chez les parents de Marion va être l'occasion de mettre leur couple à l'épreuve, entre différends culturels et réapparition d'anciens amants.

Ce film étant sorti depuis le 11 juillet, c'est donc une vision tardive que j'en ai faite, d'une part à cause d'un planning de vacances chargé pour cause de mariage, et d'autre part à cause de la priorité donnée à l'excellent Exilé de Johnnie To (mon film favori de l'année à ce jour) et au calamiteux Transformers de Michael Bay (le plus infâme blockbuster commis depuis des années). Heureusement, la comédie douce-amère de Julie Delpy a rencontré le succès (plus de 225 000 entrées), ce qui lui a permis d'être encore sur les écrans cette semaine et donc, de me gagner comme spectateur supplémentaire.

Ce qui marque à la sortie du film, c'est la qualité des dialogues. Ecrits pour des comédiens qu'elle connaît (ses parents jouent leur "propre rôle") et qu'elle aime, ceux-ci permettent à la plupart des scènes de faire mouche. Notamment la scène du repas avec les parents, qui apparait terriblement authentique. D'ailleurs, tout le film semble autobiographique, non pas dans les faits relatés, mais dans l'univers qui est dépeint, c'est-à dire celui d'une française expatriée, autant à l'aise à Paris avec sa famille qu'avec son "american boyfriend". Qui, lui, du coup, s'acclimate difficilement à la France et aux ex-amants de la demoiselle.

Tout comme Woody Allen qui partage ses angoisses existentielles sur grand écran, Julie Delpy livre son point de vue sur la société, et met en avant toutes les difficultés liées au couple aujourd'hui, autant sur un plan sexuel que social. D'ailleurs, l'un des meilleurs ressorts comiques de ce film, plus que les quiproquos amoureux, est cette confrontation de cultures, qui tape autant sur les français que les américains, et qui fait preuve d'un réel amour de la réalisatrice pour les deux.

Si le talent d'écriture et de la direction d'acteurs est indéniable, le cinéphile amateur d'esthétique en sera pour ses frais, comme c'est souvent le cas dans ce genre de films. Toutefois, on retiendra quelques jolies idées de montage, comme la séquence des photos de Venise, l'apparition de dessins sur l'image pour expliquer la théorie des réseaux dynamiques et surtout, le montage de la fête de la musique où le fantasme du couple heureux et ayant réglé tous ses conflits surgit, sans prévenir, dans la réalité.

Cette relative pauvreté formelle s'explique également par la volonté d'appliquer un traitement quasi documentaire à l'image (caméra portée, lumière naturelle). En cela, le film est une réussite, Julie Delpy arrivant à capter parfaitement le Paris d'aujourd'hui préférant les petites ruelles typiques et les marchés, jusque dans l'ennui de la plupart des soirées parisiennes, au Paris de cartes postales réservés aux touristes. Et, plus que cela, la réalisatrice arrive à capter l'air du temps et la frilosité de notre génération d'un point de vue amoureux, qui n'ose plus s'engager, de peur de perdre son confort indivualiste.

2 Days in Paris est donc un comédie douce-amère parfaitement réussie, grâce au talent d'écriture de la réalisatrice et à un casting réussi, qui met en valeur des dialogues très spontanés et en phase avec notre époque.

Aucun commentaire: