dimanche, septembre 04, 2005

Barque, pique-nique, rock and roller

Jour triste... Aurélia et moi nous sommes disputés... violemment (à notre échelle bien entendu). Tout ce que je vais décrire par la suite paraîtra bénin à des couples habitués à des engueulades fréquentes. Je ne parle même pas de ceux à qui il peut arriver de se donner des baffes. Mais pour nous, c'est beaucoup.

Dans ce billet, je ne m'attarderai pas trop sur les événements. Le but n'est pas de faire un compte-rendu, analyser mes torts, les siens. Je ne veux pas de commentaires d'arbitres. Je veux laisser une trace. Une trace de cette journée où quelque chose s'est brisé. De cette journée, qui s'annonçait idéale, et que j'ai failli gâcher.

Ce dimanche est planifié depuis quelques jours. Pour Aurélia, pique-nique avec la bande habituelle, au bois de Vincennes. Pour moi, rando roller avec Emmanuelle, une excellente amie. Depuis quelques jours, un malaise règne entre Aurélia et moi. Depuis le début de notre histoire, nous vivons une relation fusionnelle, partageant le plus d'expériences possible. Et aujourd'hui, pour la première fois depuis longtemps, nous prévoyons de faire quelque chose chacun de notre côté. Qui plus est, je vais faire du roller avec Emmanuelle. Et si sa raison dicte à Aurélia qu'elle n'a rien à craindre d'Emmanuelle, son coeur ne peut s'empêcher d'être jaloux. Jalousie mûe par sa peur, qu'elle a depuis l'enfance, d'être abandonné par ceux qu'elle aime (en l'occurence, moi). Peur que je connais chez elle. Hier déjà, au cours d'une ballade au jardin des Halles, nous avons fait le point sur ses craintes, et je l'ai rassuré du mieux que j'ai pu. Et en me couchant hier soir, je pensais que la journée serait bonne.

Afin de lui faire plaisir, je prévois d'accompagner Aurélia au pique-nique, où je mangerai avec la bande, avant de partir rejoindre Emmanuelle pour la rando-roller. C'est sans compter sur les circonstances que je ne perdrai pas de temps à décrire. Le résultat est que j'arrive au bois de Vincennes en retard sur le planning, que je n'ai que vingt minutes pour manger avant de partir rejoindre Emmanuelle. Les minutes passent, le groupe marche pour s'installer à un coin bien précis. Je sais que je n'aurai pas le temps de manger avant de repartir. L'impression que les autres s'en foutent. Surtout Aurélia. Je ne peux m'empêcher de me dire que je me suis mis dans cette situation en voulant lui faire plaisir. Je me dis que je ne suis pas assez égoiste. J'ai l'impression qu'elle s'en fout. Je m'énerve, mais ça ne part que par petites phrases piquantes. Elle me les renvoie assez bien d'ailleurs. Puis, je pars d'un coup, ne lâchant qu'un simple "J'en ai marre, je me casse". Je fais demi-tour plantant tout le monde.

A ce moment-là, je sais que je blesse Aurélia. Que je me blesse moi-même. Ça ne fait rien, je m'en vais. Sans me retourner. Envie de jouer le martyr ? Dix mètres plus loin, hors de leur vue, je m'arrête. Je me sens con, nul et méchant. J'ai envie d'y retouner, de m'excuser, de réconforter Aurélia, que je sais en larmes. Mais mon orgueil (ou je ne sais quoi) me l'interdit. Et puis, je sais que nos amis sont là pour elle. Je me complais dans ma solitude. J'ai aussi mal qu'elle. Mais rien n'y fait. Pas la force de me lever.

Je suis assis sur un plot. Je fixe la circulation. Je songe à planter Emmanuelle également, à rentrer m'isoler à la maison et à gâcher ma journée (après avoir un peu gâché celle de mes amis). Plus envie de faire la rando. Et puis, j'ai faim. Envie d'être égoiste. Rentrer m'isoler. Et puis non, ne pas gâcher ma journée. C'est trop important une journée. Le temps file si vite. Besoin de retrouver mes amis, de réparer le mal, dans la mesure du possible.

Finalement, j'appelle Emmanuelle pour lui proposer de remplacer la rando roller par une ballade de chez elle au Bois de Vincennes. Elle accepte. J'appelle Aurélia, je m'excuse. Lui demande de me garder un peu à manger le temps que je revienne avec Emmanuelle. M'explique. Lui dit pourquoi j'ai fait ça. M'excuse encore, même si je sais que le mal est fait.

Retour en roller chez Emmanuelle. Elle descend et on entame notre randonnée. Nous discutons, ça me fait du bien. Me change les idées. Je lui donne quelques conseils pour faire du roller, bien qu'elle n'en ait pas vraiment besoin. Son sourire me fait du bien, même si j'appréhende un peu de retrouver les autres. Quand j'arrive, tout le monde semble avoir tiré un trait sur l'incident (merci à vous tous, les amis). Aurélia et moi nous retrouvons. Je vois la blessure au fond de ses yeux... mais la joie de la réconciliation est plus forte.

Fin d'après-midi, paisible, à faire du roller avec Emmanuelle, puis de la barque avec la bande sur le lac Daumesnil. Comme si rien ne s'était passé. Avant de rentrer à la maison avec Solène (amie de Montpellier que l'on héberge ce soir).

Au moment où j'écris ces lignes, Aurélia et Solène regardent Eternal Sunshine of the Spotless Mind. J'entends les paroles de Beck déformées : Everybody's gotta hurt sometimes. Pardon, Aurélia, pour le mal que je t'ai fait. Je t'aime.

1 commentaire:

PhilipArtisthea a dit…

Bonjour David, puisque tu viens raconter cette histoire très privée, je me permets de te faire partager mon sentiment.
Pour dire vrai, je crois, même si c'est tout à ton honneur, que tu as tort de prendre les torts pour toi.
Toute relation fusionnelle est difficile. Vouée à l'échec, le plus souvent, selon un temps qui dépend d'un certain nombre de facteurs. Donc, mettre de l'oxygène dans sa relation, garder des instants pour soi, ses amis, c'est bon pour tout le monde, y compris pour les deux partenaires qui ont ensuite plaisir à se retrouver et à être ensemble.
Ayant pris le soin de préparer ton amie à ton après-midi séparée, tu étais en droit d'attendre une certaine compréhension. Sans quoi, cela ressemble à une forme de chantage affectif (« je suis jalouse, je n'y peux rien ») t'obligeant soit à renoncer, soit à passer pour un gros vilain, en provoquant au passage un clash dont gentiment tu t’estimes responsable. Il faut (en discutant comme tu l’as fait) que tu fasses part des tes désirs et surtout, que tu les fasses respecter. L'amour, ce n'est pas prendre, c'est surtout donner.
En tous cas, ne tombe pas dans le piège des disputes. Toujours clarifier, prendre soin de l’autre sans pour autant laisser réduire ton petit territoire de liberté. C'est une mauvaise chose pour tous les deux. Et ne donne pas raison à l'autre par amour (c'est une erreur qui se paye par des récidives) mais uniquement si l'autre a objectivement raison.
Bon, tout cela est très facile à dire, moins aisé à réaliser... Mais il faut y penser, du moins je le crois. C’est pourquoi, je te l’écris.