mardi, juillet 12, 2005

La moustache (Emmanuel Carrère, 2005)

Hier soir, suite à un coup de fil de Sébastien, direction le Mk2 Bibliothèque pour aller voir La Moustache. L'histoire d'un homme qui se rase... la moustache, sauf que personne de son entourage ne le remarque et affirme qu'il n'a jamais eu de moustache. Est-ce un coup monté ? ou bascule-t'il dans la folie ?

Raconté comme ça, le synopsis a l'air assez foireux. Et pourtant, très rapidement le film devient passionnant. De plus, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu de films avec Vincent Lindon, et ici, il trouve un rôle mémorable.

Parti pris du réalisateur, nous ne voyons et entendons uniquement que ce qui est vu et entendu par le héros. Très rapidement, on se demande quels sont les éléments réels et ceux crées par son esprit... à moins que ce ne soit sa femme qui soit folle. Au bout d'une demie-heure, nous savons que la seule chose qui permettrait de démêler le vrai du faux serait l'intrusion d'un nouveau point de vue. Celui-ci n'arrivera jamais, et à la fin du film, personne n'a de certitude sur ce qui s'est produit réellement. Chacun est libre d'y livrer sa propre interprétation. Ou comme le héros d'accepter une situation irréelle mais préférable à l'angoisse du questionnement.

Le film est dérangeant, car il nous met face à la véritable folie, quand tout l'univers familier perd sa cohérence, que les éléments qui le composent deviennent contradictoires et que l'on ne peut plus faire confiance ni à sa propre perception, ni à sa mémoire. Un film troublant, et donc à voir.

P.S. : Vu sur Allociné juste après la rédaction de ce billet :

Mis à part un voyage japonais beaucoup trop long, Carrère, aidé par l'interprétation douce et subtile de Vincent Lindon, réussit son pari.

Eric Libiot, l'Express

Sauf que le personnage ne se rend pas au Japon mais à Hong-Kong (et c'est même écrit en gros dans l'aéroport quand il choisit sa destination). On a dormi pendant le film, Monsieur Libiot ?

Aucun commentaire: