mardi, octobre 20, 2009

Funny People (Judd Apatow, 2009)


George Simmons (Adam Sandler), comique de stand-up habitué à faire rire les foules, apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable. C’est à ce tournant de sa vie qu’il rencontre Ira Wright (Seth Rogen), un comique débutant, qu’il va prendre sous son aile et employer pour lui écrire des sketches.

Depuis quelques années, Judd Apatow est la superstar montante de la comédie U.S. . Que ce soit en tant que réalisateur (40 ans, toujours puceau ; En cloque, mode d’emploi) ou en tant que producteur (Supergrave ; Sans Sarah, rien ne va ; Délire Express), il a su redessiné la carte du cinéma comique américain, que ce soit en offrant des projets à des acteurs confirmées (Will Ferrell avec Ricky Bobby, roi du circuit) ou en développant des projets destinés à ses jeunes poulains (Michael Cera, Seth Rogen, Jason Segel, Jonah Hill). A travers tous ses films, Judd Apatow a su dépeindre de manière particulièrement attachante le quotidien de trentenaires encore un peu égarés entre les responsabilités de la vie adulte et les passions de leur adolescence.

Aujourd’hui, il retrouve donc Adam Sandler (après Rien Que Pour Vos Cheveux dont il était un des co-scénaristes), superstar du rire aux Etats-Unis, pour lui offrir un rôle particulièrement touchant, comme avait su le faire il y a quelques années P.T. Anderson avec Punch-Drunk Love. En prenant comme sujet l’univers de la stand-up comédie, on était en droit de s’attendre à un film hilarant dans la lignée de ses deux précédents opus. Or, ce n’est absolument pas le cas et Judd Apatow semble aborder ici un virage dans sa carrière, qui n’est pas sans rappeler celui pris par Woody Allen avec Annie Hall, c’est-à-dire le passage d’un cinéma essentiellement comique à des films plus autobiographiques et introspectifs.

A cet égard, on peut déjà considérer Funny People comme un documentaire sur le monde de la stand-up comédie. Un milieu où des aspirants comédiens sont à la fois en compétition (à celui qui fera le plus rire la salle) et en collaboration (conseils mutuels d’écriture, émulation et improvisation par rapport aux sketchs de l’artiste précédent). Certains d’entre eux vivent en colocation, tout en espérant arriver à percer pour pouvoir quitter les autres.

C’est cette réussite qu’a réussi à atteindre le personnage de George Simmons, interprété par Adam Sandler. A la révélation de sa maladie, il se rend compte alors de la vacuité de son existence et prend la pleine mesure de sa solitude. Ce qui va l’amener à se lier à Ira Wright (Seth Rogen) et ses colocataires, reflets de sa vie passée sur lesquels ils semblent porter un regard nostalgique. Toutefois, on notera que, contrairement aux précédents films de Judd Apatow où les protagonistes devenaient de plus en plus complices au fur et à mesure du temps, les liens entre George et Ira restent relativement distants.

Car Funny People est un film doux-amer, qui porte un regard assez désappointé sur nos existences. Ainsi, Judd Apatow ose donner au bout d’une heure et demie une nouvelle direction à son film. Au cours de celle-ci, il va nous montrer que la crise existentielle traversée par George suite à sa maladie, ne lui aura finalement pas permis d’évoluer. Ainsi, suite à une guérison miraculeuse, on pourrait s’attendre à ce que ce dernier trouve la rédemption et cherche à donner plus de sens à sa vie. Mais il finit par répéter les mêmes erreurs que par le passé, se retrouvant au final dans la même situation qu’au début du film.

Ainsi, Funny People peut désorienter par sa structure audacieuse (une durée de 2h16 avec une deuxième partie arrivant au bout d’une heure et demie de film) et son ton résolument désenchanté. Mais, par le regard plein de tendresse que Judd Apatow pose sur ses personnages, et l’honnêteté du traitement, Funny People séduit de manière lente et insidieuse. Un film qui, indéniablement, va gagner à chaque vision.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

pourquoi pas:)