mardi, mai 08, 2007

Tout devient possible

Dimanche soir. Les résultats sont là. La démocratie a fonctionné, le score est incontestable, le peuple a parlé. Je ne partage pas l'opinion de la majorité, mais je veux croire au système. Déception, tristesse, acceptation. Les trois phases se succèdent rapidement. Mais acceptation ne veut pas dire renoncement. Il faut rester vigilant. Surveiller les écarts. Être prêt à tirer la sonnette d'alarme quand cela sera nécessaire.

Dimanche 20h02. Ségolène fait sa déclaration. Souriante, jusque dans la défaite. Certains trouveront cela niais. Personnellement, je trouve cela noble. Mon coeur se joint à la foule qui la remercie. Merci d'avoir soutenu nos valeurs et d'avoir donné l'espoir face à la machine implacable de l'UMP. Merci d'avoir laissé entrevoir la possibilité d'une femme présidente. Merci, surtout, de nous avoir fait croire que la politique peut être encore humaine, quand la droite ne nous propose qu'un chef d'entreprise, qui ne semble penser qu'en chiffres.

Au passage, notons qu'il fallait zapper de TF1 à France 2 pour voir la déclaration de Mme Royal en intégralité, la première chaîne préférant rapidement passer le micro à François Fillon. Normal, me direz-vous.

Lundi, à l'école, le temps est gris. "On se croirait un jour de deuil" me fera remarquer une étudiante. Un autre m'avouera être entré en guerre depuis hier soir. Son arme : sa caméra. Son but : témoigner pendant les cinq années à venir dans l'espoir d'ouvrir les yeux à certains.

Sa première séquence forte, il l'a filmée dimanche soir, place de la Concorde. Alors que la foule en liesse attend une déclaration du futur président, le visage de Ségolène Royal, qui apparaît à ce moment sur l'écran géant, se fait huer et siffler. Normal, me direz vous. Mais, juste après, alors qu'apparaît le visage de Jean-Marie Le Pen, le foule se calme et très rapidement s'installe un silence respectueux. Normal, me direz vous ?

En rentrant du boulot, plusieurs kiosques affichent la couverture du Point. Je n'arrive pas à dire précisément pourquoi, mais la photo en couverture me fait vraiment froid dans le dos. Et vous ?

Pour nous changer les idées, Aurélia et moi décidons d'aller voir Clerks II. Mais, quelques secondes après être sorti, quelque chose nous frappe. Les sirènes de police, toujours très présentes dans Paris, semblent plus nombreuses et fréquentes. En passant devant l'immeuble voisin, le concierge peste après quelqu'un qui, semble-t'il a brisé la vitre de la porte d'entrée. En descendant l'avenue Parmentier, la plupart des deux-roues sont à terre et de nombreuses vitrines de banques et de commerces sont recouvertes de point d'impact, quand elles ne sont pas totalement brisées. Bizarrement, les grossistes en textile asiatiques semblent avoir été épargnés. Au loin, quatre cars de police attendent au croisement du boulevard Voltaire et de la rue de la Roquette, tandis que des groupes de jeunes, éparpillés sur la place Léon Blum, semblent guetter en direction de l'avenue Ledru-Rollin.

Malgrè la curiosité, Aurélia et moi sommes finalement descendus dans le métro afin d'aller au cinéma. Trois heures plus tard, en rentrant, le site internet du Monde nous apprendra qu'il s'agissait d'une manifestation anti-sarkozy à Bastille ayant dégénéré. Ce matin, à l'heure où j'écris ces lignes, tout est calme. Mais je ne peux m'empêcher de repenser à l'ambiance électrique qui flottait dans l'air hier soir : une tempête approche ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour David, c'est Papa. Je viens de te lire au sujet des résultats de la Présidentielle et je dois te féliciter de la qualité d'écriture et de richesse de vocabulaire. Qu'en peu de mots précis et concis tu as exprimé ton avis sur le résultat et tes craintes quant à l'avenir, car ce résultat ne correspond pas à ce que tu espérais. Cela n'est pas un secret pour toi, j'ai toujours été un homme de droite, et de ce fait je sais ce que tu as ressenti à la proclamation des résultats : la même chose que moi en 1981 à l'élection de F. Mitterand. A l'époque tu avais à peine 2 ans, nous étions à Valence et déçu et triste je suis allé voir Marcel, le monsieur qui nous avait emmené à Canet Plage. Nous avons marché longuement en échangeant des idées qui finalement nous ont conduit à accepter le verdict des urnes.
Par contre je me souviens d'une tranquillité extraordinaire dans la ville de Valence. Pas de voitures brulées, pas de heurts policiers...

Anonyme a dit…

suite,
à l'époque et bien qu'encore imprégné des évènements de Mai 68 nous n'avons déploré aucun débordement comme ceux constatés ces jours ci.Etait-ce une manifestation de sagesse des gens de droite ? je le crois. Toutefois je me permets de vous dire à tous 2 que la fougue de la jeunesse implique bien souvent des sentiments forts, systématiques et exprimés dans la foulée avec le coeur qui vous caractérise tous. Et c'est très bien ainsi. Pour conclure, rassure toi la République Française est entre bonnes mains car nous ne pouvons à cette époque de mondialisation accrue nous permettre d'être un peuple laxiste, continuellement assisté... Nous devons nous prendre en main et aller de l'avant en pensant surtout à quelle société nous laisserons à nos enfants...surtout aux vôtres.
Gros bisous et à bientôt pour votre mariage.